2. Le fonctionnement cognitif

2. Le fonctionnement cognitif

Le fonctionnement cognitif concerne toutes les fonctions du cerveau qui nous permettent de raisonner comme le langage, l’attention, la mémoire ou encore la capacité d’apprentissage. Le fonctionnement cognitif est fortement lié au fonctionnement sensoriel : d’une perception atypique du monde découle une compréhension elle aussi différente des choses. Nous allons aborder trois approches (parmi d’autres) pour essayer de mieux comprendre le fonctionnement cognitif des personnes autistes. Ces théories ne s’opposent pas, elles sont complémentaires.

La cohérence centrale

La cohérence centrale correspond à la capacité à organiser en un tout cohérent diverses informations prises dans un contexte précis. Certains chercheurs considèrent que les personnes autistes peuvent avoir une faiblesse au niveau de la cohérence centrale. Elles perçoivent des stimuli, des signaux, des indices dans leur environnement, mais tout cela peut rester morcelé. Elles ressentent parfois une difficulté à remettre les choses ensemble pour avoir un tout cohérent.

Il existe des études indiquant que certaines personnes autistes auraient une perception des détails (on parle parfois de « pensée en détail »), plutôt qu’une perception globale. Cependant, cette affirmation est contestée et d’autres théories avancent que l’on peut avoir une perception très marquée des détails sans pour autant présenter de défaut de la cohérence centrale.

La théorie de l’esprit

Ce deuxième modèle considère que, d’un point de vue cognitif, l’autisme serait lié à une incapacité à développer une théorie de l’esprit. La théorie de l’esprit désigne non pas une théorie, mais la capacité d’une personne à attribuer à autrui des états mentaux (des intentions, des désirs, des croyances…). Cela demande de se décentrer de soi pour être en mesure de comprendre que la personne en face n’a pas forcément la même façon de penser et de voir les choses que nous.

Le manque de théorie de l’esprit affecte fortement la vie sociale. En effet, toute interaction demande de s’adapter à l’autre en fonction de ce que l’on perçoit de ses émotions et de ses réactions. Or, si la théorie de l’esprit est altérée, la personne autiste peut avoir une perception erronée de ce que l’autre pense, croit ou ressent.

Les fonctions exécutives

Une dernière hypothèse met en évidence que certaines personnes autistes présenteraient des troubles des fonctions exécutives. On appelle parfois les fonctions exécutives le « chef d’orchestre » du cerveau. Elles correspondent à un ensemble de compétences mises en œuvre pour la réalisation d’une action du début à la fin avec un but précis. Ces facultés sont mobilisées à différents niveaux pour pouvoir atteindre cet objectif :

  • L’élaboration d’une stratégie et la planification de toutes les étapes à mettre en œuvre pour accomplir la tâche.
  • Le maintien de l’attention lors de toutes les étapes, pour ne pas s’arrêter en route ou passer à autre chose.
  • La flexibilité mentale permettant de s’adapter aux imprévus, éventuellement de réorienter la stratégie et de corriger les erreurs.
  • Le contrôle de l’inhibition, c’est-à-dire la capacité à résister aux informations et aux stimulations non pertinentes ou à des comportements automatiques inadaptés (manière de faire habituelle qui ne fonctionne pas dans la situation en question).

L’exemple de la douche
Prendre une douche peut paraître évident mais il s’agit en réalité d’une situation complexe qui fait appel à de nombreuses facultés exécutives. Il faut d’abord avoir le projet de se laver et pouvoir le garder en tête, avec l’objectif final qui est d’être propre. Cela demande d’identifier les différentes étapes puis de les exécuter dans l’ordre, sans s’arrêter en cours de route. Il faut aussi préparer tout le matériel nécessaire : serviette, gel douche, tapis de bain, etc. Au moment de prendre la douche, on doit être en mesure d’ajuster la température de l’eau si besoin, de rester attentif si jamais quelqu’un appelle ou frappe à la porte, etc.

Tout comme le fonctionnement sensoriel, le fonctionnement cognitif de la personne doit être évalué précisément pour pouvoir mettre en place un accompagnement adapté contribuant au développement de ses facultés et de ses apprentissages.